La primatologue britannique Dame Jane Goodall est décédée à l’âge de 91 ans, laissant derrière elle un héritage scientifique révolutionnaire. Pionnière dans l’étude des chimpanzés, elle a profondément modifié notre compréhension des primates et remis en question de nombreux paradigmes scientifiques de son époque, en observant avec une patience et une empathie remarquables le monde animal.
Une observation révolutionnaire qui a changé la science
En 1960, lors de ses recherches dans la réserve de Gombe en Tanzanie, Jane Goodall réalise une observation qui va bouleverser la communauté scientifique. Un chimpanzé mâle fabrique et utilise un outil : il prélève une brindille, l’épluie, la transforme et l’utilise pour capturer des termites. Cette découverte contredit alors la croyance établie selon laquelle seuls les humains fabriquaient et utilisaient des outils. Sa méthode d’observation, proche et empathique, lui permet de révéler des comportements jusqu’alors inconnus : les chimpanzés forment des liens familiaux complexes et peuvent même mener des guerres territoriales.
Une scientifique contre les préjugés
Goodall a dû faire face à de nombreux obstacles. Non formée scientifiquement, elle a essuyé critiques et sexisme dans un monde académique très masculin. Son approche, qui consistait à nommer les animaux et à les considérer comme des «amis», était alors jugée non conventionnelle. Son mentor, le professeur Louis Leakey, la soutenait précisément pour sa capacité à observer sans les œillères réductrices de la science traditionnelle.
Un engagement total pour la conservation
Au fil des années, Jane Goodall a progressivement transformé son travail scientifique en mission de conservation. Lors de son dernier entretien en 2024, elle déclarait encore : «Nous avons encore une fenêtre pour ralentir le changement climatique et la perte de biodiversité». Sa fondation œuvrait notamment à la restauration des habitats en Ouganda, poursuivant son combat pour la préservation des espèces.
Un héritage qui inspire les nouvelles générations
Les scientifiques qui l’ont côtoyée soulignent son impact extraordinaire. Le professeur Cat Hobaiter rappelle que Goodall a sacrifié son travail de terrain pour transmettre sa passion. Adrian Smith, président de la Royal Society, la décrit comme «une scientifique extraordinaire qui a inspiré un nouveau regard sur le monde naturel».
L’héritage de Jane Goodall dépasse largement le cadre scientifique. Elle a profondément transformé notre compréhension du règne animal et notre rapport à la nature, nous invitant à repenser notre place dans l’écosystème mondial. Comme le souligne le professeur Hobaiter, le meilleur hommage serait de poursuivre son combat : «Jane dirait qu’il est temps de se mettre au travail».
Source : BBC News