Deux jeunes diplômées allemandes viennent de présenter un prototype baptisé Water from Air, un appareil imprimé en 3D capable de condenser l’humidité atmosphérique pour produire jusqu’à 6 litres d’eau potable par jour. Louisa Graupe et Julika Schwarz, fraîchement sorties de la FH Münster University of Applied Sciences, promettent une solution transportable et abordable face à la pénurie d’eau qui touche des milliards de personnes dans le monde. Si le projet en est encore au stade de prototype, il ouvre des perspectives inédites pour les foyers privés d’accès à l’eau courante. L’objectif : faire du design numérique et de l’impression 3D une réponse décentralisée à l’un des défis humanitaires les plus urgents de notre époque.
Un générateur d’eau miniature fabriqué par impression 3D
L’appareil Water from Air se compose de plusieurs sections empilables, toutes produites à l’aide d’une imprimante 3D. La partie supérieure, qui évoque visuellement une cafetière à piston, s’ouvre pour capter les molécules d’eau présentes dans l’air ambiant. Après environ une heure d’exposition, le couvercle se referme automatiquement et le dispositif entre en phase de chauffe, déclenchant ainsi le processus de condensation. Selon les conceptrices, des structures organométalliques intégrées – aussi appelées metal-organic frameworks – permettent d’éliminer la majorité, voire la totalité, des polluants atmosphériques, rendant inutile le recours à un filtre additionnel. L’eau condensée ruisselle ensuite vers un réservoir situé à la base, équipé d’un robinet qui permet de remplir directement un verre ou un contenant de stockage.
Le cycle complet de production dure approximativement deux heures et génère 17 onces liquides, soit l’équivalent d’une bouteille d’eau de taille moyenne. Si l’appareil fonctionne en continu pendant 24 heures, il peut produire autour de 1,6 gallon par jour (environ 6 litres), une quantité que Graupe et Schwarz jugent suffisante pour subvenir aux besoins quotidiens d’une famille de quatre personnes, à condition que chacun consomme 1,5 litre d’eau. Ce débit reste modeste comparé aux installations industrielles, mais il pourrait couvrir les besoins essentiels d’un foyer isolé ou d’une communauté restreinte. Le design modulaire et la fabrication par impression 3D offrent par ailleurs une flexibilité inédite : chaque unité peut être adaptée aux conditions locales et reproduite à distance à partir des fichiers numériques, éliminant ainsi la nécessité d’une chaîne logistique centralisée.
Un prototype encore en développement, sans date de commercialisation
Malgré son potentiel, Water from Air n’est pas encore prêt pour une distribution à grande échelle. En réponse à des commentaires publiés sur la plateforme Behance, Julika Schwarz a précisé que les matériaux utilisés dans le dispositif font toujours l’objet de recherches approfondies et que le processus de dépôt de brevet est en cours. Aucune information concernant le prix de vente ou la date de mise sur le marché n’a été communiquée. Les deux ingénieures insistent sur le fait que leur objectif initial était de « illustrer le potentiel de ce nouveau matériau à travers un design de produit convivial et autosuffisant – quelque chose qui n’existait auparavant que dans des configurations de laboratoire complexes ». Cette phase de prototype illustre ainsi une démarche de validation technologique avant toute industrialisation.
Le projet Water from Air s’inscrit dans une tendance plus large : celle de l’impression 3D appliquée à des enjeux sociaux et environnementaux concrets. Au fil des années, cette technologie a permis de fabriquer des maisons complètes à partir de terre, de la vaisselle biodégradable, voire de la peau animale artificielle destinée aux tests cosmétiques. Les deux conceptrices estiment que leur approche pourrait transformer la manière dont les ménages accèdent à l’eau potable, en particulier dans les zones géographiques où les infrastructures traditionnelles sont inexistantes ou défaillantes. Elles décrivent sur Behance Water from Air comme « une unité mobile de production et de stockage d’eau qui peut être utilisée de manière flexible dans les foyers privés, indépendamment des circonstances géographiques et sociales ».
Une réponse locale à une crise mondiale de l’eau
L’inspiration derrière Water from Air provient d’une prise de conscience aiguë de l’ampleur de l’insécurité hydrique à l’échelle planétaire. Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention estiment qu’environ 2,2 millions de personnes vivent dans des logements dépourvus de plomberie de base ou d’eau courante. Une étude récente menée par des chercheurs de l’Arizona State University suggère que jusqu’à 12 % de la population américaine pourrait être confrontée à une forme d’insécurité hydrique.
Pour aller plus loin : Behance.net