Et si votre bonne humeur était votre meilleur moteur créatif ? Selon une étude menée par l’Université de Géorgie, les émotions positives n’apportent pas seulement du bien-être : elles ouvrent la porte à davantage d’inspiration, d’audace et d’élan créatif. Dessin, écriture, musique… lorsque l’esprit est léger, l’imagination s’épanouit. Et les chercheurs vont plus loin : ces émotions quotidiennes influenceraient même davantage notre créativité que la personnalité ou l’intelligence. Une raison de plus pour cultiver la joie au quotidien.
Les émotions du quotidien, carburant de la créativité
L’étude publiée dans le Journal of Creative Behavior s’appuie sur l’analyse de journaux quotidiens tenus pendant plusieurs semaines par plus de 100 étudiants. Le constat est clair : les émotions positives peuvent se traduire par un engagement accru dans les activités créatives. Sakhavat Mammadov, professeur associé au département de psychologie de l’éducation et auteur principal de l’étude, explique : « Quand les gens sont plus créatifs, ils ont tendance à se sentir mieux. Mais en même temps, quand ils ressentent des émotions positives, ils ont tendance à être plus créatifs. » Les chercheurs ont découvert que la positivité prédisait non seulement la créativité du jour même, mais aussi celle du lendemain, suggérant un effet qui se prolonge dans le temps. Les étudiants qui se sentaient plus satisfaits rapportaient une inclination naturelle à se lancer dans n’importe quelle activité créative, qu’il s’agisse d’écrire un poème ou d’essayer une nouvelle recette de cuisine.
Autonomie et optimisme, les piliers de l’inspiration
Au-delà du simple bonheur, l’étude a identifié des caractéristiques précises qui favorisent la créativité. Les participants qui se sentaient autonomes et capables se sentaient plus habilités à s’engager dans des comportements créatifs sur plusieurs jours. Mammadov précise que « les gens s’appuient souvent sur l’autonomie pour gérer leur vie bien remplie en tant qu’étudiant, parent, travailleur ou une combinaison de ces rôles », et que ces personnes obtiennent de bons résultats en termes de créativité. Plus intéressant encore, la frustration face aux contraintes externes alimentait également les actions créatives : plus une personne se sentait limitée par le travail ou d’autres circonstances, plus elle semblait motivée à trouver quelque chose sur lequel exercer un contrôle, comme décider de lire un livre par exemple. Cette notion de créativité quotidienne ne nécessite aucune reconnaissance sociale, souligne le chercheur : « Vous n’êtes peut-être pas un peintre expert. Mais si vous vous engagez dans la peinture et essayez d’apprendre de nouvelles compétences, c’est créatif. »
Intelligence et tristesse : des facteurs moins déterminants qu’on ne le pense
Contre toute attente, l’étude révèle que se sentir triste ou en colère ne diminuait pas la production créative. De même, des facteurs comme l’intelligence globale ne déterminaient pas non plus si une personne s’engageait dans des activités créatives. Selon Mammadov, ces traits n’ont peut-être pas autant d’impact sur les œuvres artistiques que la régulation des émotions et le bien-être. Le chercheur propose une piste d’action concrète : « Peut-être que vous ne pouvez pas toujours contrôler vos émotions, mais vous pouvez créer des environnements où vous pouvez soutenir les émotions positives avec de bonnes relations et un soutien autonome. » Si l’on souhaite que la créativité soit un résultat, il est donc possible de modifier l’environnement et d’offrir un soutien aux personnes pour qu’elles se sentent plus compétentes. Cette approche suggère que la créativité n’est pas une affaire de don inné, mais plutôt de conditions favorables qu’il est possible de cultiver au quotidien.
En bref ….
Nos humeurs quotidiennes, notre sentiment d’autonomie et notre bien-être émotionnel sont des leviers plus puissants que l’intelligence ou la personnalité. Trois points essentiels à retenir : les émotions positives stimulent la créativité aujourd’hui et demain, l’autonomie et le sentiment de compétence favorisent l’engagement créatif, et la tristesse n’empêche pas la production créative. La bonne nouvelle ? Chacun peut agir sur son environnement pour créer les conditions d’une vie plus créative, sans avoir besoin d’être un artiste reconnu. Il suffit parfois de cultiver de bonnes relations, de s’accorder des espaces d’autonomie et de se lancer dans de petites expérimentations quotidiennes pour libérer son potentiel créatif et, par ricochet, améliorer son bien-être général.
Pour aller plus loin : University of Georgia