Si vous êtes de la même génération qu’une partie de notre équipe, on se souviendra avec nostalgie de ces moments à la cantine où on retournait notre petit verre Duralex pour découvrir le fameux chiffre apposé sous tous les verres pour se dire « et toi, tu as quel âge ?« . Cette icône de la vaisselle française, qui a bien failli disparaître au printemps 2024, vient de vivre un retournement spectaculaire. L’entreprise a lancé le lundi 3 novembre 2024 une campagne de financement participatif pour récolter 5 millions d’euros. En deux jours, les promesses d’investissements ont grimpé à 16 millions d’euros, soit trois fois plus que prévu.

Un élan populaire foudroyant
La campagne lancée via la plateforme Lita, avec une mise de départ de 100 euros, devait compléter les 10 millions d’euros déjà sécurisés auprès de la région et de plusieurs banques. Mais en quelques heures seulement, le lundi 3 novembre, l’entreprise avait déjà reçu plus de 5 millions d’euros de promesses. À l’issue de deux jours, le compteur affichait 16 millions d’euros.
François Marciano, directeur général de la Scop Duralex, n’a pas caché sa surprise : « C’est une excellente surprise, on ne s’y attendait pas. On avait fait des pronostics en se disant qu’on ferait 3 millions sur 5 semaines ». Il s’est réjoui : « Les Français ont répondu présent, nous sommes très heureux de la vitesse à laquelle nous sommes parvenus à récolter cet argent. C’est bien la preuve de leur attachement à Duralex ».
Une entreprise sauvée in extremis par ses salariés
Au printemps 2024, plombée par la hausse des coûts de l’énergie, l’entreprise a été placée en redressement judiciaire. Les 228 salariés ont décidé de la sauver en la reprenant sous forme de Société coopérative et participative (Scop), épargnant entre 45 et 100 postes. En 2024, 60 % des salariés ont investi entre 500 et 2 000 euros dans le capital.
Le chiffre d’affaires « devrait atteindre les 32 millions d’euros d’ici à la fin de l’année ». Mais pour être à l’équilibre, l’entreprise doit encore passer la barre des 35 millions d’euros de chiffre d’affaires. C’est pour franchir ce cap qu’un appel aux Français a été lancé début novembre.
Des investissements plafonnés malgré l’engouement
Face à cet afflux, une situation paradoxale s’est créée : sur les 16 millions d’euros reçus, l’entreprise ne pourra récolter que les 5 millions espérés initialement, les montants étant plafonnés. François Marciano a expliqué : « Nous avons reçu des chèques de 50, 70, 100 euros des Français qui voulaient nous aider, mais on n’a pas le droit de les prendre ». Le directeur général envisage d’ouvrir une autre cagnotte pour répondre à cette frustration.
Des conditions attractives pour moderniser l’outil de production
Les souscripteurs bénéficient d’une défiscalisation de 18 % la première année et d’une rémunération de 8 % par an pendant sept ans. L’argent récolté servira à renforcer les fonds propres et soutenir les investissements. François Marciano a détaillé : « Duralex n’a pas sorti de nouveauté depuis 1997. On a besoin de cet argent pour investir dans des nouvelles formes de moules, dans des nouveaux produits, des machines d’emballage parce qu’on va changer le packaging de nos produits ».
Le sauvetage de Duralex illustre la force de la mobilisation citoyenne. En récoltant 16 millions d’euros en deux jours, la verrerie du Loiret a démontré que l’attachement des Français à leur patrimoine industriel reste intact. L’entreprise peut désormais envisager d’atteindre les 35 millions d’euros nécessaires à son équilibre, portée par des milliers de citoyens-investisseurs qui ont choisi de croire en la pérennité du verre français.